1711, MORT DE LAURENT LE GLOAHEC
Le 2 mars 1711, Marie Gouzerh se rend auprès du greffier pour déclarer la mort de son mari laurent " Laquelle a remontré le decez de fon dit mari estre arrivé par estre tombé dans la mer vendredi dernier " . En effet, un mois plus tard, sera retrouvé son corps et mis en terre.
INVENTAIRE DANS LA MAISON DE LAURENT :
" Dans la chambre a feu, une table close, trois lits avec chacun leur couette de balle, deux linceul et une mauvaise couverture verte, ainsi que deux couvertures bleu. Deux petits coffres sans clef, une armoire a un battant fermante a loquais, trois bassins destains, deux petits bassins de fer. Dans une autre chambre, un lit sa couette de balle, deux linceul et une couverture verte. Un coffre fermant a clef au font les hardes des mineurs, un mangeau à farine, deux chaises fouré de Jong, deux ... , un coffre fermant a clef. Aussi se trouve un plat destain, une bouteille de ver et un plat de terre, une mauvaise marmite de fer, une poile en fer, deux piquets et deux râteaux, une tranche et deux fourche de fer, une hache et une herminette, trois fausiles.
Dans une armoire, cinq linceul, une ... brune, une culotte bleu et un gilet blanc, trois chemises, une jupe ... blanc et son corset.
Dans un grenier, quatre perrés de froment, une livre d'Auray à raison de quatorze livres la perrés.
Dans l'estable, quatre vaches prisé 60 livres.
Dans un autre grenier, le foin et les pailles de froment.
La dite veuve déclare avoir à la calle du port, une chaloupe de deux tonneaux nomé 'la Marie de carnac' prisé 75 livres.
* Lexique :
Couette de balle : lors du battage du blé, l'enveloppe des grains était conservée et fourrée dans une couette qui servait de matelas.
Linceuls : draps
Les hardes des mineurs : les vêtements des enfants.
Herminette : hache en fer recourbé
1787, JULIEN MARIE LE GLOAHEC, PRÊTRE
photo d'illustration ..
Julien est le fils de François Le Gloahec et de Marie Coriton, il a été ordonné prêtre le 22 septembre 1787 par Monseigneur Amelot.
Autant dire qu'être prêtre à cette période n'était pas la plus sûre des vocations. Après la constitution civile du clergé (1790) la Révolution fait ouvertement et férocement la chasse aux curés. Trois choix s'offrent alors à notre prêtre Julien :
Fuir en Espagne ou en Angleterre, chose possible mais peu enviable
Devenir prêtre constitutionnel ( autant dire se parjurer et prendre le risque de se faire occire par la population ou par les Chouans).
Rester au pays et se cacher.
On peut dire avec certitude, d'après les archives révolutionnaires, que Julien est resté dans la région de Carnac. Il est mentionné par deux fois de façon très opposé :
Accusé en 1792 de "détourner les marins" ( beaucoup de marins de la région ont rejoint la chouanerie, lutte paysanne contre-révolutionnaire)
Alors que le 10/11/1797 il est dit de lui : " très bon, prêchant la paix, ennemi des chouans et ami de l'ordre"
Alors notre julien, bleu ou blanc ? Je dirais bleu et blanc selon son interlocuteur, en cela on ne peut le blâmer tant il était périlleux d'être prêtre à cette époque. En lisant les mémoires de Jean Rohu, officier chouan, j'ai eu la surprise de voir son nom cité :
" Nous partîmes, et rendus au Moustoir en Mendon, Mercier la Vendée* me confia une lettre adressée à M. Le Gloahec, prêtre à Carnac."
* Mercier la Vendée, fidèle de Cadoudal, enterré au mausolée d'Auray .
Ne cherchez pas la signature du prêtre le Gloahec sur les registres elle n'apparaît pas. Il était mentionné :" prêtre habitué " assistant du prêtre principal. Il officiait en la commune de Locmariaquer. Je pense, mais cela reste une supposition et elle n'engage que moi, que Julien le Gloahec ayant d'abord été un soutien des chouans, s'est par la suite rapproché des autorités républicaines, mais je ne dispose pas d'assez d'éléments pour l'affirmer.
Pour conclure et pour souligner la dangerosité de cette époque pour les gens d'église, voici le récit de la mort de René le Baron, prêtre de Carnac, qui a par ailleurs pendant son ministère, baptisé, marié et enterré des membres de notre famille.
" année 1800, le 27 janvier aux environs de midi on vint le chercher pour un malade. En route il tombe sur un détachement de soldats qui l'interrogent , le maltraitent et le menace de mort. Sans aucune autre forme de procès, sur le bord de la route ils le fusillèrent indignement. Au bruit de la décharge le maire accourut mais il ne trouva plus qu'un cadavre à qui pour l'achever la soldatesque avait fracassé le crâne."
Julien le Gloahec est mort en 1802 à Auray au domicile du juge de paix Yves le floch. Il était issu des Gloahec vivant au lieu dit "Le verger" en Carnac.
1812, MISE SOUS SCELLÉS AU DOMICILE DES GLOAHEC
Le 7 décembre 1812 le frère de François Le gloahec, Grégoire, meurt, laissant sa fille unique orpheline. Le lendemain, le juge de paix se rend à son domicile pour faire l'inventaire des biens de sa maison dont sa fille pourra disposer. Je trouve cette archive intéressante car elle détaille bien les meubles et effets de Grégoire. Il est mort à 50 ans.
1818, LA MORT DE FRANÇOIS
Aussi illustre soit-il, on connait parfois plus la mort d'un homme que sa vie. Henri IV ou louis XVI pour ne citer qu'eux en sont un bon exemple. La mort est importante aussi en ce qui concerne la généalogie. L'acte de décès donne des informations précieuses sur la personne recherchée et les circonstances de sa mort.
C'est ainsi que l'acte de décès de François Le Gloahec restait introuvable et je me devais de pallier à cette lacune, pour notre arbre généalogique et pour le souvenir de notre ancêtre. Étant physiquement présent lors du décès de son frère Grégoire en 1812, j'ai parcouru les minutes de justice pour les années allant de 1812 à 1827. Trois gros classeurs, les pages se succèdent, interminables, des mises sous tutelles aux mises sous scellés, quand le nom de François arrive enfin. C'est Jeanne Erdeven, sa femme, qui comparaît devant le juge de paix le 18 février 1819 pour trouver un tuteur légal à ses deux filles jumelles de 13 ans.
Dans ce document on apprend une information essentielle : " François, marin décédé à Camaret Finistère, en décembre dernier."
Marin décédé à Camaret, Finistère... Voilà une information bien succincte, loin de suffire à ma curiosité. Les archives d'état civil de Camaret n'étant pas disponible en ligne je dois me rendre sur place. Avant d'entreprendre ce déplacement et pour vérifier cette information, je consulte les tables décennales disponibles sur le site des archives du finistère. Je lis une première fois et passe à côté, la faute à une vilaine orthographe : "gloalin f'cois".
Un rapide aller-retour aux archives du finistère, et finalement je ne retrouve que l'Acte de décès. Décevant puisqu'il ne mentionne pas les causes de la mort. François est mort au soir du 25 novembre, quartier du Notic, port de Camaret. Mais comment est-il mort ?
Il y a plusieurs hypothèses :
À priori François était accompagné de son fils Pierre ( on trouve la signature d'un Gloahec sur l'acte ). François étant âgé de 62 ans, un âge avancé pour l'époque, cette navigation devait être une de ses dernières et il le savait. Je pense que l'escale à Camaret était prévu car ils y débarquaient souvent. Ainsi, sur le trajet, François a pu tomber malade ou se blesser ou chuter lors d'une manoeuvre. Son état déclinant il est débarqué à Camaret et meurt peu de temps après dans une des maisons de Notic. Le motif de sa mort n'étant pas précisé, je doute qu'il soit mort noyé en tombant dans le port ou ce genre d'accident.
On imagine ce qu'a du ressentir son fils, devant ré-appareiller, regardant s'éloigner le rivage et pensant à son défunt père, enterré loin de son pays de Carnac. Je vois mal le corps ramené sur le bateau jusqu'à la Trinité, et encore moins un transport en malle-poste, tiré par quatre chevaux à travers la Bretagne Sud...
1833, LA GOELETTE LE SAINT JEAN DU CAPITAINE PIERRE LE GLOAHEC
Ce trois mats jaugeant 78 tonneaux a été acquis par Pierre Le Gloahec, en 1833. Il a été déclaré naufragé sur la côte d'Angleterre en 1845.
Les navires appartenaient à un armateur ou étaient partagés entre co-propriétaires. Ainsi, un même navire pouvait avoir une dizaine de propriétaires possédant chacun une part plus ou moins importante, souvent il sagissait de gens de même famille, voisins, personnes de confiance.
S'ils habitaient à Carnac, le port d'attache de la famille était La Trinité sur Mer. En effet jusqu'au XIXème siècle c'était un port de commerce important qui possédait son propre bureau de douane. L'activité de cabotage consistait au transport de sel, poteaux de mines (bois), charbon, céréales.. entre les grands ports de France et de l'Angleterre.
LE VILLAGE DU QUÉRIC LARMOR
Tout d'abord une précision, le village du Quéric Larmor existe toujours au nom de Quéric en la commune de la Trinité sur Mer. Cette dernière faisait autrefois partie de Carnac puisque la Trinité a été érigée en commune en 1864.
Alors évidemment nos Gloahec n'ont pas tous déserté Saint-Colomban pour le Quéric, mais une partie d'entre-eux s'y sont installés. Je pense que ce lien entre Saint-Colomban et le Quéric Larmor commence en 1755, quand olivier épouse Anne le GOFF qui est native de ce village. Deux des enfants d'olivier, François et Mathurin, s'y installent. François retournera à Saint-Colomban et Mathurin y passera toute sa vie, installant durablement les Gloahec au Quéric, d'ailleurs, au vu du cadastre, ils possédaient à eux seuls la moitié du village, terre comprise. Ce petit hameau a par ailleurs l'avantage d'être beaucoup plus proche du port de la Trinité où les Gloahec avaient leurs navires.
Maison de Mathurin le gloahec au quéric Larmor.
1850, L'AIMABLE VIRGINIE DE LA TRINITE, CAPITAINE LE GLOAHEC
Ce tableau est un ex-voto marin, il s'agit d'une peinture réalisée pour remercier Sainte-Anne de les avoir protégés durant la tempête. On distingue d'ailleurs en haut à droite du tableau, le visage de Sainte-Anne. Le tableau précise aussi la date où le navire a subi cette tempête, "7 octobre 1850" , ainsi que sa position longitude et latitude ( mer du nord, Est de l'Angleterre). Le tableau est actuellement dans la réserve du musée des trésors de Sainte-Anne à Sainte-Anne d'Auray.
Mais quelle est l'histoire de ce bateau ? Qui est le Capitaine Le Gloahec ?
Il s'agit de Pierre-Marie Le Gloahec ! C'est le petit fils d'Olivier le Gloahec et le fils de Mathurin. Il vit au Quéric Larmor. Il est né en 1820. Son père Mathurin avait 52 ans à sa naissance, et sa mère 42 ans ! Pierre-marie est mort en 1869 à 49 ans.
Maison de Pierre-Marie, merci à madame la propriétaire actuelle pour la photo avant rénovation qui date des années 60.
L'aimable Virginie est une goelette de 78 tonneau, 19m71 de long pour 6m de large.
Extrait des soumissions de francisation du bureau des douanes de la Trinité sur Mer :
Carte de la position du bateau lors de la tempête !
MAÎTRE AU CABOTAGE
Souvent embarqués sur les navires comme simple mousse ou marin, il fallait passer un brevet pour pouvoir en prendre le commandement. On distingue alors le brevet de Capitaine au long-cours et celui de maître au cabotage. Un Capitaine au long-cours effectue de longues distances ( Amérique, Indes, Afrique) quand un maître au cabotage reste dans une zone plus restreinte ( port Français, Angleterre, hollande ). L'école se situait à Lorient, véritable tradition familiale chez les Gloahec !
Diplôme de maître au cabotage de mathurin et de son fils jean marie. 1848 et 1877.
1882, Eugène LE GLOAHEC
Cette photo d'Eugène est la plus veille photo de la famille. Elle a été prise entre 1882 et 1885.
Eugène est né en 1862 à Saint-Colomban. Ses ancêtres étants marins de père en fils, son avenir était tout tracé, mais il choisit de prendre un autre chemin et partit avec les compagnons du tour de France en tant qu'artisant boulanger. Véritable institution à l'époque, le compagnonnage permettait aux jeunes d'apprendre les métiers manuels à travers la France.
Mon grand-père m'avait souvent raconté qu'Eugène serait parti tout jeune comme mousse sur la goelette de son père, mais ayant subit une forte tempête il prit peur. De retour à terre, il se jura de ne plus monter sur un bateau et voulut devenir boulanger..
Après la loi de juillet 1872, le service militaire est devenu obligatoire pour tous les hommes agés de vingt ans et ce pour une durée de 5 ans, sans compter 15 années supplémentaires en tant que réserviste. Le numéro inscrit sur le col d'Eugène sur la photo indique le numéro de régiment auquel il appartient : le 17ème régiment d'infanterie basé à Béziers. La photo a été développée à Toulouse.
Fiche de renseignement militaire d'Eugène ( taille 1m64, yeux roux, visage ovale...)
Revenu de son périple ( vers 1887) et ayant aquis son certificat de boulanger, il ouvrit une boulangerie à Carnac, rue St Cornely. Il possédait une deuxième boulangerie non exploitée qu'il réservait pour l'un de ses fils. Il mourut à carnac bourg en 1923.
Photo de 1900 de la rue St cornely à Carnac. On peut distinguer sur l'enseigne de la deuxième maison à droite qui appartenait à Eugène l'inscription "sons avoines", en effet à l'époque les boulangers vendaient aussi des sacs de sons et d'avoines aux laboureurs et villageois pour leurs chevaux.
Sur la deuxième photo la rue prise en 2011, la boulangerie a appartenu à la famille Gloahec jusqu'en 2006. ( soit plus d'un siècle après son acquisiton par Eugène Le gloahec).
Marcel et Marie une vie marquée par la guerre
Marcel est né à Carnac bourg. Il a passé son enfance entre l'école et le commerce de son père. En 1912, il a commencé son service militaire, deux ans à l'époque, pour être ensuite intégré au sein du 41ème régiment d'infanterie basé à Rennes Saint-Georges. La mobilisation est décrétée le 2 août 1914. Durant la guerre, il a participé à toutes les grandes batailles : La marne, Verdun, Arras, Champagne... D'abord soldat, il passa ensuite agent de liaison puis fut fait prisonnier par les Allemands et détenu au camp d'Aix la Chapelle en Allemagne.
Sur tous les champs de bataille où il a paru, le 41ème a généreusement versé de son sang. Jamais il n'a abandonné un pouce du terrain confié à sa garde, toujours il s'est rué tête baissée, sans hésiter sur l'ennemi...Les fils de la veille terre Bretonne ont bien mérité de la patrie et c'est le front auréolé de gloire qu'ils rentreront dans leur pays natal.
Un jour, bien après la guerre, sa femme Marie retrouva pliée dans son portefeuille, une citation pour une récompense militaire. "_ Éh bien Marcel, tu as une citation, pourquoi n'y es-tu pas allé ? _ Me récompenser pourquoi ? Pour avoir tué des hommes ?"
Paroles de Marcel, écrit à partir de ses témoignages.
" C'était l'époque des moissons. Alors que nous allions pour traverser un champ de blé, je vis un Allemand au devant de moi. Je le mis en joue, il leva lentement les bras au-dessus de sa tête. Alors que je m'approchais de lui pour en faire mon prisonnier, il se baissa soudainement et brandit sur moi un fusil qui était à ses pieds. J'eus juste le temps de tirer et l'Allemand s'écroula... Voilà un mort que je n'ai pas oublié."
" Longtemps je fus agent de liaison. Je partais à la nuit, un message glissé dans ma manche pour informer les lignes arrières et les gradés de notre position. Une nuit alors que je regagnais la tranchée que j'avais quittée quelques heures plus tôt, je ne retrouvai que des morts et je n'eus d'autres choix pour progresser dans la tranchée que d'enjamber mes pauvres camarades"
" Lors de la bataille de Vierzy, j'étais en poste sur une mitrailleuse, mon ami qui était sur mon côté la ravitaillait en balles. Devant l'effroyable feu des Allemands, il prit peur et quitta la mitrailleuse. Il fût abattu sous mes yeux. Les Allemands avançant nous nous rendîmes et je fus fait prisonnier. ( 31 mai 1918 ). Un Allemand me frappa violemment et nous marchâmes en silence, quittant cet enfer."
Le retour du front (des mois après l'armistice du 11 novembre), dû être une longue route pénible, souvent à pied ou en train et à bout de force. Arrivé à Carnac, il ne pesait que 35 kilos et son allure était cadavérique. La guerre resta pour le reste de sa vie un traumatisme dont à l'époque on ne parlait pas. Dans cette france d'après-guerre, les blessures psychologiques n'avaient pas le même prestige que les blessures corporelles.
Arrivée de Marcel à Plouharnel, vers mai ou juin 1919 (romancé à partir de témoignages)
Avant de quitter le camp d'Aix la Chapelle en Allemagne, Marcel enroula ses pieds dans de vieux torchons parcqu'il n'avait plus de chaussures. Ce qui restait de son uniforme ressemblait à un vêtement civil sans âge, grouillant de puces et de poux, raccomodé ci et là. Après plusieurs jours, il regagna la caserne de Rennes et prit le train pour la côte. Arrivé en gare de Plouharnel, il comptait marcher jusqu'à Carnac mais en traversant le bourg il reconnu le cocher de son père venu acheter de la farine.
"Monsieur, pouvez-vous me conduire jusqu'à Carnac ?"
Le cocher l'y conduisit puisque c'était sa route. Arrivé au bourg, Marcel demanda à l'homme de le déposer devant la boulangerie.
"Mais qui es-tu ?" lui demanda le cocher qui ne l'avait pas reconnu,
"Mais.. je suis Marcel, le fils d'Eugène !"
Le cocher resta le regarder avec stupeur
" Tu es vivant ?! Tout le monde te croyait mort au front, ton père a fait donner des messes pour toi !"
En effet, ayant été fait prisonnier, Marcel n'avait pu envoyer aucun courrier et sa famille sans nouvelle le croyait mort au combat.
Ses parents auraient reçu un courrier peut-être courant 1818, où marcel était mentionné : " présumé disparu ".
De retour à la vie civil, Marcel aurait pu reprendre le commerce de son père avec son frère Eugène, mais il choisit d'ouvrir sa propre boulangerie au bourg d'Arzon. Un jour il entendit parler d'une jeune fille qui habitait à Kerassel et dont les parents tenaient une boulangerie à Sarzeau. Il s'habilla alors d'un costume avec des guêtres au mollet et harnacha son plus beau cheval. Arrivé dans la cour de la boulangerie de Jean Blancho, (censé lui vendre de la farine), il sauta de sa charette sans descendre par le marche-pied. Marie, la fille du boulanger qui assistait à la scène, tomba sous le charme...
Ils se marièrent en mai 1920, et s'installèrent au bourg d'Arzon. Dans les années 2O, Arzon était un petit bourg (1500 habitants contre 3000 à Carnac), et les habitants plutôt modestes. En 1938, après la naissance de leurs sixième enfant, ils quittèrent Arzon pour Vannes et ouvrirent une boulangerie en haut de la Place des Lices.
Acte de cession de la boulangerie de la place des Lices datant de 1938, retrouvé dans les archives de la presse du Morbihan. La maison a d'ailleurs été entièrement rénovée en 2012.
Puis, de nouveau la guerre, l'occupation allemande, les tickets de rationement... Marcel mourut d'un cancer en 1947. Marie dut assumer seule le fonctionnement de la boulangerie. Elle prit sa retraite en 1955 et se retira à Arzon. Elle mourut à Vannes en 1994, à 95 ans..
Photo prise à Kerboulard 1946
Marie et Marianne ( vers 1982)
EUGÈNE LE GLOAHEC FILS (frère de Marcel )
Faits d'armes 14-18 : " D'un courage à toute épreuve, le 12 juin a mis en batterie sous une grêle de balles en avant de nos postes de combat et par les pertes qu'il a infligé à l'ennemi, l'a empêché d'aborder nos lignes"
Cette phrase suffit à illustrer le courage et la témérité d'Eugène, il a reçu la croix de guerre et de nombreuses citations.
Eugène a lui aussi fait la guerre 14-18, au sein du 3ème régiment de dragon. C'est une unité de cavalerie de l'armée Française. Après la guerre, Eugène est rentré à Carnac et a repris le commerce de son père. Il a eu deux fils : Roger et Maurice. Eugène est mort à Carnac bourg, à 91 ans.
Eugène et son frère Marcel étaient très proches. Ils avaient la même histoire et exerçaient le même métier. Une fois, bien après la mort de Marcel, Eugène reparlant de son frère " Mon pauvre Marcel, quelles souffrances tu as pu endurer pendant la guerre..."
GUY
Guy est le fils de Marcel et Marie. Sa vie a malheureusement pris un tournant tragique après un accident survenu alors qu'il n'avait que trois ans. Ce jour-là, alors qu'il était au côté de ses parents dans la boulangerie d'Arzon, un paysan est venu peser un veau car la boulangerie disposait d'une grosse balance pour peser les sacs de farine et d'avoine. Alors qu'il était sur la balance, le veau se débattit et heurta Guy qui se cogna la tête sur le comptoir de la boulangerie. Malgré une opération à Paris, les séquelles furent irrémédiables. Guy resta vivre auprès de sa mère et mourut quelques mois seulement après elle.
Guy à Dinard
Guy avec sa chienne Diana (septembre 1940) Guy avec Marianne
LEON LE GLOAHEC ET LUCIENNE
Léon et Lucienne devant la ferme de Cliscouët
Caboteur le Rozenn commandé par Léon de 1979 à 1985
Caboteur le Stiren
Léon a grandi entre Arzon, le Logeo et Kerassel. Il a dirigé sa propre compagnie de cabotage sous le nom Bretagne cabotage, de 1967 à 1985. Il a possédé trois bateaux : le Stiren, le Mor-bihan et le Rozenn (baptisé du prénom de sa première petite fille, Rozenn).
Léon : " Ma grand-mère c'était une Couëdel. Elle me parlait souvent de sa famille où les hommes étaient Capitaine armateur. Du coup dès mon plus jeune âge j'ai voulu devenir Capitaine armateur et j'y suis parvenu !"
" je servais la messe tous les matins à 7 heures. Je dormais chez Marie job' qui avait perdu son mari et son unique fils. Elle me considérait comme son enfant. La maison de Marie job' était située juste à côté de l'église et du cimetière. Le prêtre en passant tapait au carreau pour me réveiller. Il arrivait que même étant à l'école, le prêtre venait me chercher lorsqu'il y'avait un mort et ainsi servir l'office. Nous étions deux : moi et mon ami pierrot "
Lucienne devant la ferme devant le poulailler
Photo de classe de Lucienne (en haut à droite)
Lucienne Pierre Bernard et Jean Mère de Lucienne à la traite..
Léon dans son bateau en 2018, à 92 ans.
1932, Alfred RIGUIDEL
Alfred RIGUIDEL est le père de Lucienne. Incorporé en 1918, il est grièvement blessé par un éclat d'obus le 13 octobre 1918 à Roulers en Belgique. Cité à l'ordre du 159ème régiment du 5 novembre 1918. " Modèle de bravoure et de dévouement "
Il meurt en août 1932, à Vannes, après être tombé de sa charette.
JEANINE, MARCELLE, CHRISTIANNE..
Marcelle et Christianne Christianne
Marie, jeanine, Marie Job et Bernard à 12mois, en 1953.
La naissance de Christianne :
" Je suis née le 23 janvier 1923 à 23 heures. Alors que le soir tombait, la sage femme arriva à la maison. À l'époque mon père avait un très beau cheval qui s'appelait noiraud, un ancien cheval de course qu'il avait sauvé de l'abattoir. Son jeune commis qui rêvait de conduire un tel attelage demanda à mon père d'aller chercher la grand-mère qui habitait à Kerassel pour qu'elle assiste à l'accouchement. Ce cheval était très nerveux et sur le chemin du retour il s'emballa et déboula dans le bourg au grand galop. Au bruit des sabots, mon père accourut pour arrêter l'attelage. Ma grand-mère déclara qu'elle n'avait jamais eu aussi peur de sa vie !"